19 rue Avit Nicolas - 38 150 Salaise sur Sanne
04 74 29 00 80
mairie@mairie-salaise-sur-sanne.fr

Jardin du prieuré : carré odoriférant

AIL

ALLIUM sp.
Famille : Amaryllidacées

« Quand je fais le gratin dauphinois, avant de mettre les pommes de terre, je tartine le plat avec du beurre et de l’ail écrasé ». (Marie)

Nom usuel

Alia (Capitulaire De Villis), Allium sativum
Ail des ours, Allium ursinum

Le genre Allium compte 900 espèces végétales. L’ail compte près de 150 cultivars.
« Le remède de bonne santé » : l’ail cultivé depuis au moins 5000 ans, bénéficie de multiples anecdotes dans ses usages et l’ail des ours, très en vogue, est très apprécié en culinaire. Avec les Allium aux fonctions de remèdes connus depuis l’Egypte ancienne, on ne peut pas échapper à la collusion plante-remède-nourriture.
Dans le jardin, l’ail d’ornement est une belle vivace, bien connue pour ses hampes florales très décoratives.

Usage

Médicinale, alimentaire, rites funéraires et magiques

Partie utilisée

Bulbe pour l’ail cultivé, les feuilles pour l’ail des ours

Mode d’utilisation

Frais, sec, poudre, fermenté (ail noir), huile essentielle

Pour la reconnaître

L’ail est une plante herbacée, bulbeuse et vivace. L’inflorescence (sauf pour les cultivars stériles) est en ombelle, blanche, rosée ou de couleurs plus vives pour les variétés ornementales.
L’ail des ours est plus petit, vivace formant des colonies en sous-bois, 2 à 3 feuilles, larges, peu épaisses qui apparaissent en février-mars. Il fleurit à partir d’avril.

Récolte

Les bulbes sont récoltés vers juin ou juillet. Pour l’ail des ours, les feuilles sont ramassées autour de mars-avril.

Principes actifs et propriétés

Composés soufrés (alliicine) qui donnent son parfum caractéristique, fructusanes (inuline), sucres, flavonoïdes et vitamine C et B9 (ail des ours).

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« J’ai un souvenir, ma mère nous soignait les verrues avec de l’ail ». (Marinette)
« Je plante des gousses d’ail que je laisse pousser au pied des arbres fruitiers pour éloigner les insectes ». (Daniel)
« Quand je fais le gratin dauphinois, avant de mettre les pommes de terre, je tartine le plat avec du beurre et de l’ail écrasé ». (Marie)
« J’ai découvert l’ail des ours, j’en ai mis dans le jardin, comme cela je vois quand il sort et je vais en ramasser dans les bois. J’affectionne cette plante pour faire des pestos ». (Michèle)


Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :
« La laitue coupée en petits morceaux et préparée avec le vinaigre, l’ail et l’huile, on la laisse 10 minutes avant de la manger, et ainsi elle fermente. Préparée de cette façon, la salade assure une bonne digestion, mais aussi une bonne santé à la tête ». (Ste Hildegarde de Bingen)

AURONE

ARTEMISIA ABROTANUM
Famille : Astéracées

« Ma mère avait toujours une bouteille d’arquebuse dans le placard ». (Andrée et Marinette)

Nom usuel 

Abrotanum (Capitulaire De Villis), Abrotone
En grec, Abrotos, « non mortel », par suite « divin », « sacrée ».
En latin, Artemisia, « la plante d’Artemis » déesse grecque de la nature et de la chasse. Elle est protectrice des femmes qui accouchent.

Nom local 

Arquebuse

Usage 

Alimentaire, médicinal

Partie utilisée 

Feuilles, inflorescences

Mode d’utilisation

Fraîche, alcoolature

Pour la reconnaître 

Plante vivace qui peut dépasser 1 m, ses feuilles découpées en fines lanières aigues, sans poil et vertes en dessus. Ses capitules sont très petits et pendants, son odeur aromatique rappelant le citron, la différencie ainsi des autres armoises.
S’agissant des armoises (genre Artémisia), l’inflorescence est composée de nombreux petits capitules de fleurs sans éclat, verdâtres ou jaunâtres, regroupés le long des rameaux en épis allongés ou en grappes. Les feuilles sont profondément découpées sauf pour l’estragon. Plus de 200 espèces (armoise, absinthe, estragon, genépi…) dont beaucoup sont utilisées comme thérapeutique dans leur pays d’origine. Les fleurs ne secrètent aucun nectar et ne sont pas visitées par les abeilles.
On ne trouve pas l’aurone à l’état sauvage. Elle est mentionnée dans le Capitulaire De Villis et elle est cultivée en Europe depuis le IXème siècle. Ste Hildegarde de Bingen l’utilisait dans des préparations pour guérir les fondements de l’estomac.

Principes actifs et propriétés

Contient des tanins, des coumarines, des flavonoïdes, des principes amers, des alcaloïdes (abrotanine). Son huile essentielle contient entre autres (variable suivant les génotypes) : 1,8 cinéole, citral, camphre et de thuyone (molécule toxique à forte dose que l’on retrouve dans les absinthes). L’abrotandrone aux propriétés antiputrides et antifermentescibles agirait à la façon de la quinine.

Propriétés

L’aurone possède les propriétés proches de l’absinthe mais avec une saveur plus agréable : tonique, digestive (maux de ventre), vermifuge, vulnéraire, fébrifuge et insecticide.
L’aurone avec ses saveurs d’absinthe et de citron, aux propriétés proches de la célèbre boisson dauphinoise, porte aujourd’hui le nom d’arquebuse

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« L’arquebuse, ma grand-mère l’achetait à la pharmacie, elle en avait toujours dans le placard ». (Andrée et Marinette)
« L’arquebuse et la verveine dans le jardin, je fais de la liqueur chaque année avec. Quand j’étais gamin, on l’utilisait pour soigner les coups, on la mettait dans l’alcool ». (Christian)
« Ma mère en avait toujours, elle nous donnait des gouttes pour les maux de ventre ». (Sébastien)

L’eau d’arquebuse, un peu d’histoire en Dauphiné :

Au Moyen-Âge, l’eau d’arquebusade servait à soigner les blessures provoquées par les premières armes à feu, « les arquebuses ». Cet élixir était à l’origine obtenu par macération et distillation de 33 plantes. Quelques gouttes de cette préparation sur une plaie redonnaient vigueur et courage aux militaires.
Bien plus tard, en 1857 au Monastère de l’Hermitage, Frère Emmanuel, herboriste améliora la recette qui devient alors une vulnéraire. En 1905, ils ont été obligés de s’expatrier en Italie dans une bourgade du Piémont pour continuer la production.
Actuellement la savante macération est commercialisée par l’entreprise Cherry Rocher. Barthélemy Rocher (né en 1677), botaniste passionné, élaborait il y a 300 ans des eaux de vie et des élixirs végétaux. Les Hospices de la Côte Saint André, de Vienne et de Grenoble les utilisaient pour leurs patients. M. Rocher eut l’idée de sucrer les préparations pour cacher le goût de l’amertume et sa renommée fut faite pour ses préparations médicinales qui sont vite devenues une friandise.
En 1997, les frères maristes de la Sainte-Famille étaient encore les seuls possesseurs des secrets de fabrication de « l’arquebuse de l’Hermitage ». Ce n’est pas une liqueur (pas d’ajout de sucre), ni une eau de vie de plantes. La recette contiendrait entre autres de la verveine officinale, du millepertuis, de la gentiane, de la sauge, du génépi, de la menthe, de la mélisse, du thym…
« L’arquebuse de l’Hermitage est réputée pour être souveraine contre les excès de table, la gueule de bois… ce vulnéraire a longtemps côtoyé, dans les armoires dauphinoises, l’élixir du Docteur Guillet, un vermifuge élaboré à St-Alban-de-Roche ». (Jacques Savoye, le Dauphiné, 26/12/1998)

GERANIUM ODORANT

PELARGONIUM GRAVEOLENS
Famille : Géraniacées

« Je laisse pousser dans le jardin le géranium à feuilles rondes, il fait des fleurs et sert de couvre sol ». (Yvan)

Nom usuel

Géranium odorant, géranium rosat, géranium Bourbon

Pelargonium vient du grec « pelargos » qui signifie cigogne, ses fruits ressemblent au bec de ces oiseaux.
Géranium vient du grec « géranos » qui signifie « grue », fait allusion à la colonne qui se trouve au centre de chaque fleur et s’allonge à la maturité.
Le genre Pelargonium comprend plus de 200 espèces, 5 ou 6 sont exploitées pour les huiles essentielles que l’on regroupe sous le nom de « géranium rosat ». Il est originaire d’Egypte et de Chine. L’Ile de la Réunion fut longtemps le premier producteur de géraniums d’où le nom générique de « géranium Bourbon ».
On retrouve dans nos jardins des variétés sauvages comme le géranium Herbe-à-Robert, le géranium sanguin ou le géranium à feuilles rondes.

Partie utilisée

Feuilles

Mode d’utilisation

Huile essentielle, hydrolat

Pour les reconnaître

Les géraniums ont souvent des fleurs roses, rouges ou mauves, composées de 5 sépales, 5 pétales égaux, 5 étamines avec 5 nectaires intercalées de même forme. La colonne est formée par 5 styles adossés et soudés ensemble où adhèrent les 5 carpelles qui, à maturité, restent suspendus à la manière d’un petit lustre à 5 branches. Les feuilles généralement découpées ont une odeur plus ou moins forte.

Récolte

En saison chaude

Principes actifs et propriétés

Riche en tanins, des huiles essentielles (linalol, citronellol, géraniol) et une substance amère la géraniine.
Les feuilles du géranium rosat développent un parfum de rose citronnée très utilisé en parfumerie, cosmétique et aromathérapie.
Le géranium rosat et d’autres géranium sauvages (G. Herbe-à-Robert, G. sanguin) ont des propriétés pour les affections de la peau (astringentes, hémostatiques, cicatrisantes, désinfectantes).

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné

« Le géranium Herbe-à-Robert et la verveine officinale, mêlés à la pâtée des dindons guérissent de la « maladie du rouge » à Dolomieu, Chaponnay, Valencin. (Charles Talon).

Chez les oiseaux galliformes, la « maladie de la crise rouge » pourrait être l’histomonose, maladie parasitaire infectieuse dont les symptômes sont, entre autres, la diarrhée et une coloration noire sur la tête. Le géranium Herbe-à-Robert entre dans la catégorie des plantes du sang du fait de sa couleur rouge (théorie des signatures) et de son astringence (antihémorragique, anti diarrhéique) et pourrait expliquer ses effets contre cette maladie.

GRANDE CAMOMILLE

TANACETUM PARTHENIUM
Famille : Astéracées

« Je la plante au pied des arbres fruitiers pour éloigner les insectes, avec de l’ail et de l’Artemisia afra » (Daniel)

Nom usuel

Partenelle, Chrysanthème matricaire, Pyrèthre doré
Ste Hildegarde parle de « Parthenii ». Dans le Dictionnaire des plantes, Paul Victor Fournier indique Chrysanthemum parthenium pour la grande camomille. Chez les Grecs, elle portait le nom de Parthénion, rendu en latin par Matricaria et dérivant de Parthenos « jeune fille vierge ».
La grande camomille ne doit pas être confondue avec deux autres plantes appelées aussi la camomille allemande, Matricaria recutita et la camomille romaine, Chamaemelum nobile.
Sa ressemblance avec les marguerites (astéracées) explique les très nombreux synonymes et les changements botaniques au gré des époques.

Usage

Insecticide, ornemental, médicinal

Partie utilisée

Sommités fleuries, feuilles

Mode d’utilisation

Fraîche, sèche, infusion, vin, baume

Pour la reconnaître

Plante vivace de 30 à 70 cm de haut, à tige dressée, presque glabre, très rameuse et très feuillée. Les feuilles sont souvent toutes pétiolées, molles, verte-clair à subdivisions élargies, sans poil au bord crénelé. Les feuilles sont très aromatiques. Les fleurs ressemblent à celles de la marguerite (capitules blancs au cœur jaune), disposées en corymbes.

Récolte

Cultivée dans les jardins, subspontanée aux bords des chemins.

Principes actifs et propriétés

Une huile essentielle camphrée (cétone) et des esters (acides chrysanthémiques, angéliques…), lactones sesquiterpènes (parthénolides), flavonoïdes.
La grande camomille est très aromatique comme ses cousines du genre Tanacetum, que l’on retrouve dans la liste de le Capitullaire de Villis :
– Tanazita, Tanaisie, Tanacetum vulgare, Herbe aux vers, Herbe de sainte Marie
– Costum, Grande Balsamite, Tanacetum balsamita, Menthe-Coq
Dans le Capitullaire de Villis, le terme « Febrifuga » semblerait indiquer que la plante a été utilisée pour faire baisser la fièvre.
La grande camomille était autrefois prescrite pour les problèmes féminins… C’est à ses effets antimigraineux qu’elle doit sa renommée suite aux travaux des années 1970 effectués par le Dr Stewart Johnson, de la London Migraine Clinic.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« La grande camomille, c’est la fausse camomille, je la plante au pied des arbres fruitiers pour éloigner les insectes, avec de l’ail et de l’Artemisia afra ». (Daniel)

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« Qui a une hémorragie prendra deux jaunes d’œuf, autant de jus de Chrysanthemum parthenium et autant de vinaigre que peuvent contenir deux coquille d’œufs… » – La petite pharmacie domestique de Ste Hildegarde.

HYSOPE OFFICINALE

HYSSOPUS OFFICINALIS
Famille : Lamiacées

« L’hysope en infusion pour le mal de gorge » dans la tradition du bas-Dauphiné ». (Charles Talon)

Nom usuel 

Hysope, Hyssôpos en grec, Hyssopus en latin, vraisemblablement d’origine orientale. L’arabe, Azzof signifie « plante sacrée ».

Usage

Médicinal, alimentaire

Partie utilisée 

Sommités fleuries

Mode d’utilisation

Fraîche, sèche, en poudre, infusion

Pour la reconnaître

Sous-arbrisseau de 20 à 60 cm de haut, vivace, fortement aromatique et mellifère. Les feuilles lancéolées, à une seule nervure, sont marquées de petites glandes sur les 2 faces (sécréteur d’huiles essentielles). Les fleurs unilatérales, corolle bleue vif ou violacée, blanche ou rosée.

Récolte

Cultivée dans nos jardins, en floraison tout l’été. On peut rencontrer l’hysope sur les rocailles arides du Sud de la France jusque dans le Jura.

Principes actifs et propriétés

Flavonoïdes (doismine), diterpènes (marrubiine), triterpènes (acide ursolique) et huile essentielle à 15-20 % de cétones neurotoxiques (thuyone, pinocamphone).
De saveur mentholée et un peu camphrée, l’hysope fut largement utilisée au Moyen-Âge pour aromatiser les viandes et en faciliter la digestion. En cuisine, on consomme les feuilles et les fleurs, fraîches ou séchées. En infusion, elle est expectorante, antiseptique et stimulante.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« J’ai un pied dans le jardin, je ramasse les fleurs, je les mets dans la salade ». (Michèle)

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« La Saint-Jean à Dolomieu en 1960, on cueillait ce jour-là les noix… Des plantes médicinales courantes (hysope, mélisse, menthe…) cueillies à la Saint-Jean, bénéficiaient d’un pouvoir accru ». (Charles Talon)
« L’hysope en infusion pour le mal de gorge » dans la tradition du bas-Dauphiné ». (Charles Talon)

IMMORTELLE D’ITALIE

HELICHRYSUM ITALICUM
Famille : Astéracées

« J’ai mis dans le massif à fleurs, une plante à curry pour son parfum particulier ».(Daniel)

Nom usuel

Immortelle, plante à curry
Du grec hélios, « soleil » et chrysos, « or »

Usage

Médicinal, alimentaire, cosmétique

Partie utilisée

Sommités fleuries

Mode d’utilisation

Fraîche, sèche, huile essentielle, hydrolat

Pour la reconnaître

Plante herbacée, vivace, ligneuse de 30 à 50 cm, endémique du pourtour méditerranéen. Plus de 300 espèces, caractérisées par ses fleurs jaunes qui se dessèchent en gardant longtemps un bel aspect.
Ne pas confondre avec l’Hélichryse des Balkans (H. angustifolium), de Madagascar (H. gymnocephalum) ou la stoechade (H. stoechas) présente en France dans le Sud et sur la façade atlantique.

Récolte

Cultivée dans les jardins pour son parfum

Principes actifs et propriétés

Flavonoïdes, huile essentielle contenant des cétones (15 à 20 %), des lactones sesquiterpènes (dont les curcumènes, cédrènes) et des terpènes (1,8-cinéole, limonène…).
De saveur âcre et légèrement piquante et au goût de curry, l’immortelle dont les origines sont plus méditerranéennes, s’est introduite dans les jardins. Sa réputation vient surtout de son huile essentielle aux nombreux bienfaits reconnus (anti-hématome, cicatrisante, anti-inflammatoire…) et appréciés en aromathérapie et en cosmétique.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné 

« J’ai mis dans le massif à fleurs, une plante à curry pour son parfum particulier. On peut utiliser ses feuilles pour donner un goût de curry au plat, on la fait infuser dans les sauces ». (Daniel)

LIN BLEU

LINUM PERENNE
Famille : Linacées

« Le lin était considéré comme un tissu qui soignait ». (Luc)

Nom usuel

Linum (Capitulaire De Villis), du grec linon, « fil » ou « fibre »
« linire » qui signifie adoucir en lien avec ses propriétés et son contact. Le mot lin a donné le mot « linge ».

Usage

Alimentaire (huile), fibres pour textiles, médicinal

Partie utilisée

Graine, plante entière

Mode d’utilisation

Textile, huile, graine

Récolte

Floraison en juin de courte durée

Principes actifs et propriétés

Huile (35 à 45 %) riche en acides gras polyinsaturés (acide alpha-linolénique et acide linoléique), protéines, mucilages, lignanes, hétérosides cyanogènes (linamaroside) avec libération possible d’acide cyanhydrique (toxique).
Cultivé depuis 9 000 ans en Asie mineure, le Linum usitatissimum a été utilisé par l’homme d’abord pour produire de l’huile, et plus tard, comme textile, destiné à confectionner des objets utilitaires et des vêtements.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« J’ai essayé d’en planter pour éloigner les doryphores mais ce n’est pas probant – difficile de le semer entre les rangs de patates ». (Laurent)
« Le lin était considéré comme un tissu qui soignait, les vêtements en chanvre grattaient tellement que cela occasionnait des blessures qui ne cicatrisaient pas. Quand on portait le lin, il était plus doux, les plaies disparaissaient, ce qui laissait penser que le lin soignait ». (Luc)
« Comme les vêtements en lin coûtaient cher, dans les costumes Renaissance, on avait des « crevées » qui laissaient paraître les chemises en lin ». (Luc)

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« Si quelqu’un a été brûlé en n’importe quel endroit de son corps par le feu, qu’il fasse cuire fortement dans l’eau de la semence de lin et qu’il y trempe un tissu de lin propre (repassé) et qu’il l’applique chaud sur l’endroit où il a été brûlé, et il fait partir la brûlure ». (Ste Hildegarde)
« Si on avait le nez qui coulait, on se mouchait avec un mouchoir en toile de « fil » afin de ne pas s’irriter le nez. Si le mal descendait sur la poitrine, on badigeonnait devant et derrière avec de la teinture d’iode et l’on pelait sur toutes les faces ; les emplâtres de farine de lin, saupoudrés de farine de moutarde, étaient redoutés de certains malades ainsi que les ventouses… ». (Charles Talon)
« La disette faisait aussi consommer des graines de plantes considérées de nos jours comme « industrielles » : au XVème siècle, selon le Livre des simples médecines, les semences de lin nourrissent peu et sont dures à digérer, ce qui laisse entendre un usage alimentaire fréquent ». (Pierre Lieutaghi)

NEPETA CATAIRE

NEPETA CATARIA
Famille : Lamiacées

« Le chat après avoir mangé les feuilles de la plante, se roule sur le sol en pleine euphorie ». (Pierre Lieutaghi)

Nom usuel

Herbe aux chats, « Cataire » vient de cato
Menthe de chat

Usage

Aromatique, médicinal, mellifère

Partie utilisée

Feuille, sommités fleuries

Mode d’utilisation

Fraîche, sèche, infusion

Pour la reconnaître

Plante herbacée aux caractéristiques des Lamiacées. Elle appartient au genre Nepeta, avec un calice à 5 dents égales et à 15 nervures. Elle se distingue par ses fleurs blanches ponctuées de rouge et dépassant à peine le calice.

Récolte

Cultivée dans les jardins, en floraison dans l’été.

Principes actifs et propriétés

Elle contient du menthol, de l’acétate de menthyle et une huile essentielle spécifique contenant de la népétalactone ; connu pour son effet « d’appât pour chat » et également répulsif sur certains insectes. Odeur aromatique forte, saveur un peu amère, forte et très piquante.
Très cultivée autrefois comme plante médicinale, elle s’est naturalisée çà et là dans toute la France. La cataire est réputée comme vulnéraire, digestive et calmante, fréquemment confondue avec le calament officinal, la mélisse et les menthes. Elle était employée comme eux.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« Le nom « de napa » (= scorpion) va rappeler justement les usages médiévaux de la plante, qui est réputée contre les piqûres de scorpion et pour résister aux venins en général ». (Michel Botineau)
« La cataire est recherchée des abeilles et considérée comme la meilleure des mellifères ». (Paul-Victor Fournier)

ROMARIN OFFICINAL

SALVIA ROMARINUS
Famille : Lamiacées

« Le romarin au jardin, je coupe, je garde les feuilles et je les fais sécher ». (Pierre)

Nom usuel

Ros marinus (Capitulaire De Villis) signifiant « rosée de la mer ».
Il est connu sous le nom scientifique de Rosmarinus officinalis. En 2017, l’espèce a été reclassée dans le genre Salvia.

Usage

Médicinal, alimentaire, rites funéraires et magiques

Partie utilisée

Feuilles, fleurs

Mode d’utilisation

Fraîche, sèche, en poudre, infusion, fumigation

Pour le reconnaître

Sous-arbrisseau de 50 cm à 2 m de haut, vivace, fortement aromatique et très mellifère. Les feuilles étroites, coriaces, vertes sur la face supérieure et velues blanchâtres sur la face inférieure. Ses fleurs bleues pâles disposées 2 à 2, forment 2 lèvres inégales avec 2 étamines.

Récolte

Cultivé dans les jardins, toute l’année

Principes actifs et propriétés

il contient des résines, des flavonoïdes, des « tanins des labiées » (acide rosmarinique, caféiques, carnosique…), à la composition (chémothype) très variable selon l’origine.
Très aromatique, très touffu, il est toujours vert. Il est employé comme condiment, digestif, détoxifiant, hépatoprotecteur, antioxydant.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« Le romarin au jardin, je coupe, je garde les feuilles et je fais sécher ». (Pierre)
« Dans le jardin, j’ai toujours mon romarin, quelques brins dans la tisane, cela m’aide à digérer ». (Yvonne)
« Il était lié au culte des morts chez les Romains. Ils le faisaient brûler comme de l’encens ». (Elvyre Royet, Site archéologique du Vernay, St-Romain-de-Jalionas)

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« Considéré comme une plante symbole de vie en raison de son aspect toujours vert. Plante médicinale destinée à « fortifier le cerveau »… On le retrouve dans « l’Eau de la Reine de Hongrie au XVIIème ». (Botineau Michel)

SAUGE OFFICINALE

Salvia officinalis
Famille : Lamiacées

« Qui a un plant de sauge dans le jardin, n’a pas besoin de médecin ». (Marie)

Nom usuel

Sauge médicinale, Salvia salvatrix (Capitulaire De Villis)

Nom local

Noms patois des plantes médicinales relevés en Bas-Dauphiné (Evocation 1982) : « pa’te blu’e » (tussilage bleue) à Soleymieu, Saint Pierre de Chandieu ; « é’rb a fwâ’ri » à Luzinay.

Usage

Médicinal, alimentaire, rites funéraires et magiques. La tisane de sauge guérissait les chèvres atteintes de diarrhée

Partie utilisée

Feuilles, fleurs

Mode d’utilisation

Fraîche, sèche, en poudre, infusion, fumigation

Pour la reconnaître

Sous-arbrisseau de 30 à 80 cm de haut, vivace, fortement aromatique et très mellifère. Les feuilles persistantes, grisâtres, couvertes de poils laineux, de nombreuses tiges quadrangulaires, ligneuses, portent des fleurs violacées regroupées en épis. Ses fleurs ont une corolle à 2 lèvres et 2 étamines.
Les sauges médiévales sont blanches, mauves ou bleues

Récolte

Cultivée dans les jardins, dès le printemps

Principes actifs et propriétés

La plante renferme des acides phénols, des diterpènes, des triterpènes, des tanins, des résines et une huile essentielle à cétones (thuyone de 35 à 60 %, limonène, 1.8-cinéole, camphre de 5 à 25 %).
Fortement camphrée, robuste de goût, elle est employée comme condiment, digestive, astringente, antiseptique, tonifiante, stimulante, purifiante. Son huile essentielle ne doit pas être utilisée en interne (neurotoxique).

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« Mettre dans l’eau de cuisson des topinambours, fèves, haricots, pois, lentilles pour éviter les flatulences. La sauge est la plante associée à Jupiter ». (Villa Licinius)
« Dans le jardin, utilisée pour la digestion en tisane, pas trop dans la cuisine ». (Bernard)
« J’en ai tout le temps dans le jardin, j’en mets partout, c’est bon pour tout, sur la viande. J’ai des branches, je les fais sécher, je les broie avec les herbes de Provence ». (Marie)
« Dans le jardin, la sauge n’est pas très sympa avec les petites copines, il vaut mieux les planter à distance ». (Martine)
« Quand on a des plaies à cicatriser, on peut appliquer un tampon imbibé d’infusion de sauge. En juin-juillet, on peut mettre les fleurs qui s’épanouissent sur les salades ». (Danièle)

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« Elle est utile contre les humeurs maladives parce que cette plante est sèche. Mangée crue ou cuite, elle est bonne pour ceux qui tourmentent des humeurs nocives parce qu’elles en débarrassent ». (Ste Hildegarde)

SAUGE SCLAREE

Salvia sclarea
Famille : Lamiacées

« L’appellation de « Toute Bonne » traduit ses propriétés salutaires et bienfaisantes ». (Charles Talon)

Nom usuel

Sclareia (Capitulaire De Villis), crête de coq

Nom local

L’appellation de « Toute Bonne » traduit ses propriétés salutaires et bienfaisantes ». (Charles Talon)

Usage

Médicinal, condimentaire, parfumerie

Partie utilisée

Feuilles, fleurs

Mode d’utilisation

Fraîche, sèche, en poudre, infusion

Pour la reconnaître

Vivace, entièrement herbacée qui peut atteindre 60 à 90 cm de hauteur. Cultivée dans l’Antiquité, elle est aussi renommée que sa sœur officinale. Ces feuilles sont larges (20 à 25 cm). Les tiges sont dures et portent des fleurs en épis, blanc rosé, pourpre, mauve ou bleue pâle. Le calice a des dents prolongées en épine piquante.

Récolte

Cultivée dans les jardins, fleurit de mai à septembre

Principes actifs et propriétés

La plante renferme des acides phénols, des diterpènes, des triterpènes, des tanins, des résines. Son huile essentielle, contrairement à la sauge officinale, ne contient pas de cétones.
D’une odeur balsamique plus prononcée, les fleurs infusées dans du vin ou de la bière donnent aux liqueurs un goût de muscat. Ste Hildegarde lui donnait des vertus digestives et anti-céphaliques.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« J’ai une collection de sauges pour les abeilles. J’aime voir l’abeille quand elle est dans la fleur avec le pistil qui lui tape sur le dos. Je mets les feuilles séchées dans mon enfumoir ». (Bernard)
Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :
« Pour les chutes, application d’arnica… cataplasme de feuilles de sauge cuites dans du vin… ». (Madeleine Rivière-Sestier)
« Prendre de la grande sauge, un tiers de menthe pouliot et de fenouil. Faire cuire cela dans du bon vin avec un peu de miel. Une fois filtré, à boire souvent, après le repas et à la nuit ». Elixir de sauge sclarée – La petite pharmacie domestique de Hildegarde de Bingen.

SAUGE ANANAS

Salvia ELEGANS

Pour la reconnaître

Vivace arbustive. Elle a des fleurs tubulaires. Elle dégage une étonnante odeur d’ananas quand on froisse ses feuilles.

Récolte

Cultivée dans les jardins, fleurit fin automne

THYM

thymus sp.
Famille : Lamiacées

« Ma tisane tous les soirs avant de me coucher : le serpolet que je le ramasse dans les prés, avec la menthe du jardin, que j’ai fait sécher ». (Pierre)

Nom usuel

Dans le jardin, 2 espèces sont représentées :
Thym gris (Thymus vulgaris)
Thym citronné (Thymus citriodorus)

Nom local

(Evocations – Charles Talon)
Serpolé ou sarpolé (serpolet, Thymus serpyllum) : Dolomieu, Mépieu, Montagnieu
Surpin (thym) : Saint Laurent de Mure

Le thym et le serpolet représentent 2 groupes dont la différenciation botanique est des plus ardues :
« Serpyllum » est l’ancien nom latin du grec Herpillos « ramper ». Les serpolets ont des tiges gazonnantes, couchées et enracinées, donnant des rameaux fleuris dressés.
« Thymus » forment des petits buissons avec leurs tiges ligneuses et normalement dressés. Thymus et le grec Thymos désignaient diverses petites labiées odorantes dont le thym et la sarriette. Il existe des variétés cultivées à odeur de citron (Thymus citriodorus) et de mélisse.
Le Capitulaire de Villis ne mentionne ni le thym, ni l’hysope qui pourtant étaient cultivés et jouissaient de propriétés proches de la sarriette (Satureja hortensis).

Usage

Médicinal, alimentaire

Partie utilisée

Sommités fleuries

Mode d’utilisation

Fraîche, sèche, en poudre, infusion

Récolte

Cultivée dans les jardins ou sauvage, en floraison tout l’été

Principes actifs et propriétés

Huile essentielle (thymol, linalol) dont la composition varie selon son lieu de vie, flavonoïdes, acides phénoliques (acide rosmarinique).
Fortement balsamique avec un parfum de garrigue, il accorde les plats à la mode méditerranéenne, avec le laurier et le persil dans le bouquet garni. Le thym est antibactérien, antifongique, anti-viral, antioxydant, digestif. Il apaise la toux et soigne les infections pulmonaires.
Le thym citronné est beaucoup plus piquant avec une forte odeur et saveur de citron.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« On avait toujours du thym, avec les lapins quand ils avaient le gros ventre on leur donnait vite une branche de thym ». (André)
« Ma tisane tous les soirs avant de me coucher : le serpolet que je ramasse dans les prés, avec la menthe du jardin, que j’ai fait sécher ». (Pierre)
« Pour préserver le serpolet, je ne passe plus la tondeuse, seulement un peu le roto-fil ». (Daniel)
« Le thym, c’est bon pour la toux ». (Marie)
« Je le préfère pour la cuisine, pas trop en tisane, trop fort ». (Bernard)

Textes : Delphine Clerc Bravais, mémoire de fin d’études, enquêtes Ethnobotanique sur les usages des plantes retrouvés en Bas-Dauphiné, Ecole Lyonnaise de Plantes Médicinales & des Savoirs Naturels, 2022.