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Jardin du prieuré : carré médicinal

ACHILLEE MILLEFEUILLE

ACHILLEA MILLEFOLIUM
Famille : Astéracées

« Celui qui reçut une blessure à l’intérieur du corps… broiera de l’achillée ». (Sainte Hildegarde de Bingen)

Nom usuel

Achillée ou herbe d’Achille
Herbe aux coupures, sourcil de Vénus
Nom en patois relevé en Bas – Dauphiné :
milefôlye à Colombier, Moras, Bourgoin-Jallieu, Heyrieux
rétasan (arrête-sang) à Faverges-de-la-Tour
saninâ (saigne-nez) à Serpaize, Simandres

Usage

Médicinal, cosmétique

Partie utilisée

Sommités fleuries

Mode d’utilisation

Fraîche, sèche, poudre, infusion, alcoolature, huile essentielle, macérat huileux

Pour la reconnaître

L’achillée est commune le long des routes, sur les coteaux jusqu’à 2500 m d’altitude. Vivace de 20 à 80 cm, elle dresse une tige, droite, velue, avec des feuilles alternes, très finement découpées et des inflorescences en corymbes ramifiés, de petits capitules blancs ou rosés. L’achillée a une odeur balsamique, saveur aromatique, astringente et amère. Le genre achillea comprend une cinquantaine d’espèces en Europe.

Récolte

Sommités fleuries de juin à septembre
Elle est très bien connue des médecins antiques (Dioscoride et Hippocrate). L’achillée millefeuille fait partie des plantes récoltées à la Saint-Jean comme le millepertuis, l’armoise. « Cette période assure la conservation des principes actifs des plantes à fleurs » (Alchimie verte, Ecomusée du Nord Dauphiné, 1992).

Principes actifs et propriétés

Lactones sesquiterpéniques, coumarines, flavonoïdes, alcaloïdes, une petite quantité de tanins. Son essence contient des cétones (camphre, thuyone) et 1,8-cinéole.
Tonique et amère, l’achillée est utilisée pour ses propriétés apéritives et entre dans la composition de nombreuses boissons célèbres (Arquebuse, Chartreuse, Thé des Alpes…) en Dauphiné.
Elle est digestive, fébrifuge, hémostatique, cicatrisante, régulatrice du cycle féminin, anti-inflammatoire. Elle est le remède des blessures selon Ste Hildegarde de Bingen.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« En Dauphiné, on l’appelle souvent « Brunette » et on l’emploie comme vulnéraire en appliquant la plante pillée et bien écrasée sur les coups et les meurtrissures ». Madeleine Rivière-Sestier

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« Si une personne est blessée dans un accident, lave sa blessure avec du vin, fais cuire de l’achillée millefeuille dans de l’eau, presse un peu l’eau et enveloppe la plante chaude très doucement sur le pansement de la blessure. Cela débarrassera la blessure de la pourriture et de la suppuration, et la blessure guérira ». (Ste Hildegarde de Bingen)

ALCHEMILLE

ALCHEMILLA VULGARIS Aggr.
Famille : Rosacées

« Belle et mystérieuse Alchémille ! »

Nom usuel

« Alchemilla » : dédiée aux alchimistes qui recueillaient l’eau céleste pour préparer la pierre philosophale. La rosée et l’évapotranspiration de la plante (guttation) créent comme un collier de perles sur le pourtour de la feuille, qui tombe ensuite par gravité au creux de la feuille formant une goutte.

Usage

Médicinal

Partie utilisée

Feuilles

Mode d’utilisation

Tisane, décoction

Pour la reconnaître

Plante d’Europe vivace et rustique au feuillage caduc. De 10 à 40 cm de hauteur, avec ses feuilles en éventail, elle a de petites fleurs vert-jaunâtres en bouquets. Elle pousse bien dans les lieux humides et un peu ombragés.

Récolte

Durant la floraison entre mai et juillet

Principes actifs et propriétés

Beaucoup de tanins, flavonoïdes, acide salicylique et phytostérols (effet progestatif)
Du fait de son astringence, l’alchémille est utilisée contre les troubles gastro-intestinaux. Elle est anti-inflammatoire, antihémorragique. La forme des feuilles à l’envers qui ressemble à une cape, lui a valu le surnom de « manteau des dames ».

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

Dans sa thèse sur les remèdes populaires en Dauphiné, Madeleine Rivier-Sestier note que plusieurs plantes sont ramassées dans les pâturages du Dauphiné et sont employées sous le nom de « Thé des alpes » dont l’Alchémilla alpina, une cousine de l’alchémille commune.

ANGELIQUE

ANGELICA ARCHANGELICA
Famille : Apiacées

« Si cette plante avait le mérite d’être étrangère, elle serait aussi précieuse pour nous que le ginseng l’est pour les Chinois ; Elle se vendrait au poids de l’or ». (Dr. Bodard, 1810)

Nom usuel

Archangelica, selon la légende de l’archange Raphaël, son fruit a des petites ailes comme les anges.
Angélique officinale, Racine du Saint-Esprit

Usage

Médicinal, rituel, ludique, confiserie

Partie utilisée

Racine, feuille, semence, tige

Mode d’utilisation

Infusion, décoction, poudre, vin, huile essentielle

Pour la reconnaître

Grande plante avec une inflorescence en ombelle composée, fleurs de couleur verdâtre. Si les fleurs sont blanches, c’est l’angélique sauvage (A. sylvestris). Elle fleurit la 2ème ou la 3ème année puis dépérit. Sa tige est cannelée et creuse, ses feuilles bi ou tri-pennées ont un pétiole à gaine embrassante.

Récolte

Les racines à la fin de l’année quand l’angélique n’est pas en fleurs. Les semences se récoltent une fois l’inflorescence desséchée. Attention aux effets photo-sensibilisants lors de la manipulation de la plante.

Principes actifs et propriétés

Essence présente dans les fruits et les racines riches en monoterpènes (odeur musquée), des coumarines, des flavonoïdes, des tanins, acides organiques
Originaire de Scandinavie, l’angélique est importée en France à partir du XIIème siècle. C’est à partir du XVIIème siècle qu’elle entre dans la composition de liqueurs comme l’eau des carmélites, la Chartreuse ou la Bénédictine.
Sa tige creuse, une fois séchée, était utilisée par les enfants dans les marais pour faire des sifflets ou d’autres objets. Au jardin, la graine doit être semée fraîche.
Elle prévient les ballonnements et les spasmes digestifs. Elle traite la toux, la bronchite, le rhume, soulage la fièvre en faisant augmenter la transpiration. L’angélique comme d’autres apiacées, est galactogène. Elle est une stimulante aromatique générale.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« On l’estime un remède assuré pour résister aux venins, aux morsures de chiens enragés, et au XIVème siècle, on en faisait surtout un préventif pour la peste ». (Michel Botineau)

« Recette de Ratafia d’Angélique : semences d’angélique (12g), semences de fenouil et d’anis (8g chacune), eau de vie (2dl), eau filtrée (25g). Laisser macérer 8 à 10 jours. Ajouter 500g de sucre, laisser reposer et filtrer ». (Dr. Joseph Roques)

ANIS VERT

PIMPINELLA ANISUM L.
Famille : Apiacées

« La graine est chaude et sèche du troisième degré, utile contre les ventosités ». (Platéarius)

Nom usuel

Anesum (Capitulaire De Villis)
Boucage à fruits suave : apiacées à fleurs blanches en lien avec une odeur de bouc.
Pimpinella avant VIIème siècle
Aniketon en grec « l’invincible »

Usage

Condiment, médicinal, vétérinaire

Partie utilisée

Fruits

Mode d’utilisation

Tisane, poudre, huile essentielle

Pour la reconnaître

Plante annuelle herbacée de 60 cm, duveteuse sur toutes ses parties. Les feuilles deviennent de plus en plus découpées et pennées sur le haut de la tige. Les fleurs blanches sont disposées en ombelles composées. Le fruit est velu et très parfumé. Il n’existe en France qu’à l’état cultivé.

Récolte

De juin à août

Principes actifs et propriétés

Huile essentielle avec plus de 80 % de trans-anéthole (odeur et saveur), acide phénols, polysaccharides, coumarines
L’anis vert calme les troubles gastro-intestinaux, coliques. Il est antispasmodique, carminatif. Il calme la toux, les douleurs utérines et il est galactogène. La présence d’anéthole lui donne une activité œstrogénique. L’anis est utilisé comme ingrédient dans de nombreuses pâtisseries et boissons alcoolisées.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« L’anis vert se trouve en nombre de quelques plantes louées par Pythagore ; il se prend dans un vin contre les piqûres de scorpions… Mis sous l’oreiller de façon à le respirer en dormant, il chasse les mauvais songes. Il donne bon appétit… » (Pline l’Ancien, livre XX)

AUNEE

INULA HELENIUM
Famille : Astéracées

« L’Enule-campagne rend les entrailles saines ». (Ecole de Salerne)

Nom usuel

Enula campana (Capitullaire De Villis)
Hélénium en référence à la légende grecque qui voulait que la plante soit née dans les larmes d’Hélène (fille de Zeus et de Léda) dont l’enlèvement provoqua la guerre de Troie.
Ineo en grec, « je purge ».

Usage

Médicinal

Partie utilisée

Rhizome

Mode d’utilisation

Infusion, décoction, poudre, vin, onguent

Pour la reconnaître

L’aunée est grande vivace (jusqu’à 3 m), sa tige est plus ou moins velue, avec de grandes feuilles pointues, au bord ondulé, grises et duveteuses. La fleur est jaune en capitule large, solitaire, sur chaque division de la tige. L’aunée est très mellifère. Sa racine exhale une odeur forte, pénétrante, amère et piquante en la mastiquant.

Récolte

La racine à l’automne après 2 ou 3 ans de culture

Principes actifs et propriétés

Résine acre, huile essentielle (hélénine ou camphre d’aunée), sucre (inuline, alantine), stérols, sels minéraux
L’aunée est une plante médicinale parmi les plus anciennement connues. Au Moyen-Âge, c’est une panacée entre autres des voies digestives. Elle est réputée, à l’époque, pour ses propriétés fébrifuges et pour les affections respiratoires. Elle apaise les irritations, les spasmes et elle cicatrise la peau et les muqueuses.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« On conservera l’aunée toute l’année, séchée ou verte, dans le vin. Qui souffre des poumons, en boira chaque jour avant et après le repas ». (Ste Hildegarde de Bingen)

BOURRACHE

BORAGO OFFICINALIS
Famille : Boraginacées

« Elle pousse dans mon jardin, je m’en sers d’engrais vert ». (Martine)

Nom usuel

Burra (Capitulaire De Villis)
En arabe « abu rach », père de la sueur

Usage

Médicinal, cosmétique, alimentaire, jardin

Partie utilisée

Jeunes feuilles, fleurs, graines

Mode d’utilisation

Fraiche, sèche, huile

Pour la reconnaître

Herbe annuelle de 20 à 80 cm, à tige creuse, épaisse, très velue (tiges et feuilles). Les fleurs bleues, blanches ou rosées sont disposées en cyme scorpioïde. Les fleurs en forme d’étoile à 5 pétales, ont un goût très iodé rappelant le parfum de l’huître fraîche. Elle pousse de mai à la fin de l’hiver. C’est une excellente plante mellifère, très utile au jardin et efficace comme engrais vert.

Récolte

Floraison de mai à août, graines récoltées de mai à novembre, jeunes feuilles à partir de mai

Principes actifs et propriétés

Mucilages, allantoïne, flavonols et sel de potassium. La bourrache contient des alcaloïdes pyrrolizidiniques (hépatotoxiques), surtout dans les feuilles et la tige. L’huile extraite des graines est riche en acides gras polyinsaturés (oméga 6).
La fleur de la bourrache est l’une des « trois fleurs cordiales » reconnues par les Anciens avec le buglosse et la violette. Elle est censée éloigner la tristesse (Albert le Grand, XIIIème siècle). Au Moyen-Âge, elle était cultivée dans les potagers pour la consommer comme les épinards aujourd’hui.
Elle est reconnue pour ses propriétés béchiques (antitussives) et sudorifiques, mais l’usage doit être modéré compte tenu de la présence d’alcaloïdes toxiques qui peuvent s’accumuler lors de prises répétées.
Elle est connue actuellement surtout pour son huile extraite de ses graines : aide à prévenir les vergetures, les rides, l’eczéma, la polyarthrite rhumatoïde, l’arthrite, les règles douloureuses.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« Elle pousse dans mon jardin, je m’en sers d’engrais vert ». (Martine)
« Je la laisse pousser, les abeilles l’apprécient ». (Bernard)

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« La camomille romaine, la verveine, la bourrache, le thym… Nos anciens connaissaient les vertus de chaque fleur, de chaque plante et la manière de les utiliser : tisanes, gargarismes, compresses, bains de pieds et de mains, bains de siège… » (André Buisson)

ECHINACEE

ECHINACEA PURPUREA
Famille : Astéracées

Nom usuel

Du grec echinos, « épine », le disque central de la fleur est épineux, ressemble à un hérisson.
Principales espèces utilisées en thérapie : Echinacea angustifolia, E. purpura et E. pallida.

Usage

Médicinal

Partie utilisée

Racines

Mode d’utilisation

Tisane, poudre, alcoolature, jus frais.

Pour la reconnaître

Plante de 50 cm à 160 cm, les feuilles lancéolées sont de couleur vert sombre. Les fleurs de grande taille sont jaunes ou pourprées au centre. Les grandes ligules tombantes sont pourpres autour.

Récolte

Les racines nécessitent au moins 3 ans de croissance avant d’être récoltées.

Principes actifs et propriétés

Alkylamides (dont l’échinacéine), composés phénoliques, polysaccharides, huile essentielle
Originaire des grandes plaines des Etats-Unis et du Canada, l’échinacée s’acclimate dans tous les types de sols et sous tous les climats. Elle était utilisée par les indiens d’Amérique du Nord. À partir de 1950, suite aux travaux du Dr Alfred Vogel, l’échinacée est aujourd’hui reconnue pour ses propriétés stimulantes du système immunitaire. C’est une panacée contre les agressions de l’hiver.

GUIMAUVE OFFICINALE

ALTHAEA OFFICINALIS
Famille : Malvacées

« On en avait dans le jardin, les parents ramassaient la fleur, en décoction dans l’eau pour nettoyer les yeux ». (Marinette)

Nom usuel

Altaea (Capitulaire De Villis), du grec althaïnô qui signifie guérir

Usage

Médicinal, plante mellifère

Partie utilisée

Racines, fleurs, feuilles

Mode d’utilisation

Fraîche, tisane, bâton, poudre

Pour la reconnaître

Plante vivace (80 cm à 1,20 m), grisâtre, elle est couverte de poils soyeux (tige et feuille). Les fleurs sont de grandes corolles roses, parfois très pâles. Les parties aériennes disparaissent en hiver. Ses racines peuvent atteindre un bon mètre de long, elles sont pivotantes et charnues.

Récolte

Floraison début juillet jusqu’en septembre, les racines récoltées à l’automne quand la plante n’est plus en fleurs, tous les ans ou les 2 ans.

Principes actifs et propriétés

Les feuilles et les racines sont riches en mucilages et flavonoïdes. Les racines contiennent de l’amidon, des acides aminés, des coumarines, des sels minéraux et vitamine C.
La guimauve fait partie des 7 plantes pectorales (guimauve, bouillon blanc, coquelicot, violette, mauve, pied de chat et tussilage). Elle calme la toux, elle adoucit les voies respiratoires. Elle adoucit les irritations du système digestif (aphtes, maux de gorge, maux de dents). Les fleurs en infusion calment les irritations cutanées et oculaires.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« On en avait dans le jardin, les parents ramassaient la fleur, une décoction dans l’eau pour nettoyer les yeux ». (Marinette)
« La fleur de guimauve, on l’utilisait quand on a mal aux yeux, les yeux qui pleurent un peu ». (Marie)
« Ma mère nous faisait mastiquer des fleurs quand on avait mal aux dents ». (Jacky)
« J’ai mis un plan de guimauve, mais on consomme les racines ». (Danièle)

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« En culture, lorsque l’on reproduit la plante au printemps par des éclats munis d’yeux, on obtint à l’automne de la même année un faisceau de plusieurs racines ». (Paul-Victor Fournier)

JOUBARBE DES TOITS

SEMPERVIVUM TECTORUM
Famille : Crassulacées

« J’ai toujours vu ça sur le mur, ça y était quand je suis venue ici en 1914 ». (Charles Talon)

Nom usuel

Jovis barbam(Capitulaire De Villis)
Barbe de Jupiter

Nom local

Teté de mira ou popé de mira (téton de chatte) qui s’applique aussi à d’autres plantes comme le sedum acre ou sedum blanc.
Petits artichauts à Janneyrias, artichauts sauvages à Marennes, artichauts des toits à Valencin.

Usage

Rituel, médicinal, alimentaire

Partie utilisée

Feuille, suc de la feuille

Mode d’utilisation

Fraîche, cuite

Pour la reconnaître

Elle forme une rosette de feuilles basales, vertes charnues, rassemblées en cœur d’artichaut. Les feuilles sont ovales, à pointes aigues brunes. Une tige florale est produite par la rosette avec des fleurs toujours roses ou rosées. C’est une espèce héliophile et thermophile. On la retrouve sur les murs et les toits.

Récolte

Toute l’année, toujours vert

Principes actifs et propriétés

comme la plupart des crassulacées, la joubarbe contient une forte proportion d’acide malique, de tanins, une résine, du mucilage et de l’acide formique.
Vulnéraire, cicatrisante, débarrassée de sa cuticule, elle est appliquée sur les plaies, les corps, les dartres et les gerçures. Ses propriétés sont aujourd’hui méconnues.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« On la dénichera dans tous les villages du Bas-Dauphiné. Dans la plaine lyonnaise, on en verra sur nombre de piliers, de portails, sur les murs… On disait que ça écartait la maladie, que cela protégeait de la foudre… Mais rares sont ceux qui croient encore à cette protection et qui osent l’avouer ». (Charles Talon)

« Lors des naissances à l’étable, pour la délivrance : soupe de rosettes de joubarbe à Valencin ». (Folklore et médecine vétérinaire, Charles Talon, 1967)

« Panaris : placer sur le mal une ou deux feuilles d’une plante grasse ressemblant à la joubarbe et appelée herbe de sainte Marie, après avoir ôté la peau des écailles ». (Charles Talon, 1967)

« Plaies : à Innimont, certains faisaient couler sur la coupure le liquide issu d’une écaille de joubarbe qu’on appelait herbe à coupures ou herbe coupante ». (Charles Talon, 1976)

LUPIN

LUPINUS ALBUS
Famille : Fabacées

Nom usuel

Lupinus, seul connu des anciens
« lupus », pois de loup

Usage

Médicinal

Partie utilisée

Graines

Mode d’utilisation

Graines torréfiées, farine, décoction

Pour la reconnaître

Le lupin est reconnaissable avec ses grandes feuilles digitées et ses grosses fleurs en long épi. Il existe quelques variétés sauvages, la plupart sont cultivées.

Récolte

Fin d’été, à la maturité des gousses

Principes actifs et propriétés

Le lupin contient des substances oléagineuses et résineuses. Dans les graines de lupin, il y a une forte proportion de conglutine (protéines), de lipides, d’acide citrique et malique, un alcaloïde (lupinine).
La culture du lupin remonte à l’Antiquité (Egyptiens, Grecs et Romains), on dépouillait la graine de son amertume et elle servait de nourriture aux animaux. Les graines de lupin blanc s’employaient contre les parasites intestinaux. Le lupin restant indigeste, il est utilisé plutôt en externe, en cataplasme, il soulage les problèmes de peau.

SAUGES

SALVIA sp.
Famille : Lamiacées

« J’ai tout une collection de sauges dans le jardin ». (Bernard)

Les sauges constituent un groupe de plus de 500 espèces, dont une dizaine indigène en France. Leurs fleurs se caractérisent par une grande corolle à 2 lèvres très prononcées, d’un calice également à 2 lèvres, de 2 étamines au lieu de 4 et des feuilles à limbe élargi, parfois même très grandes. Elles sont ligneuses ou herbacées.
Au jardin du prieuré, on trouve des sauges médicinales comme la sauge officinale et la sclarée, quelques sauges aux origines exotiques comme la sauge ananas (Mexique), la sauge à feuille de lavande (Espagne), sauge à petites feuilles ou sauge de Graham (Arizona et Mexique). Les sauges sauvages sont les sauges des prés, des bois, sauge verveine…

SAUGE A FEUILLES DE LAVANDE

SALVIA LAVANDULIFOLIA
Famille : Lamiacées

Nom usuel

Sauge bleue, sauge d’Espagne

Usage

Médicinal, condimentaire

Partie utilisée

Feuilles, fleurs

Mode d’utilisation

Fraîche, sèche

Pour la reconnaître

Vivace arbustive, touffue et compacte, qui peut atteindre 60 cm de hauteur. Ses feuilles sont vert-gris persistantes et plus étroites que celles de la sauge officinale. Les tiges portent des fleurs abondantes en épis de couleur bleue lavande. Elles sont plus résistantes que les sauges officinales à la sécheresse. Cette sauge est plantée traditionnellement dans les jardins de toute la France.

SAUGE DE GRAHAM

SALVIA MICROPHYLLA
Famille : Lamiacées

Nom usuel

Sauge à petites feuilles

Usage

Médicinal, condimentaire

Partie utilisée

Feuilles, fleurs

Mode d’utilisation

Fraîche, sèche

Pour la reconnaître

Vivace arbustive, touffue, qui peut atteindre 60 cm de hauteur. Ces feuilles sont vertes, de petite taille et rondes. Les tiges portent des fleurs au sommet en petits groupes, rouges ou bicolores aux extrémités des tiges. La floraison s’étale de mai jusqu’aux premiers froids. Cette sauge est plantée traditionnellement dans les jardins, car très décorative.

Récolte

En fleurs de juillet à septembre

Principes actifs et propriétés

La plante renferme des acides phénols, des diterpènes, des triterpènes, des tanins, des résines. Comme la sauge officinale, son huile essentielle contient des cétones (thuyone neurotoxique).

SOUCI

CALENDULA OFFICINALIS
Famille : Astéracées

« Je me rappelle de ma mère qui mettait les fleurs dans l’alcool ». (Marie)

Nom usuel

Solsequium (Capitulaire De Villis), sol sequiam orientation du capitule qui suit la trajectoire du soleil.
Calendula, du latin « calandae » qui signifie calendes, (premier jour de chaque mois).
Jusqu’au Moyen-Âge, le souci fut confondu sous le même vocable avec d’autres plantes « solaires » comme le pissenlit. Ste Hildegarde en fait une description dans son « ringula » qui est l’actuel calendula.

Usage

Médicinal, cosmétique, alimentaire

Partie utilisée

Fleurs, feuilles fraîches

Mode d’utilisation

infusion, alcoolature, pommade

Pour la reconnaître

Petite plante annuelle, de 25 à 30 cm, rameuse portant de nombreuses fleurs jaunes orangées, en fleurs de mai à octobre. Il existe une vingtaine d’espèces aux propriétés proches (des champs, des vignes…).

Récolte

Les fleurs de juillet à octobre

Principes actifs et propriétés

Huiles essentielle à sesquiterpènes (alpha-cadinol), saponosides, flavonoïdes et mucilages
En usage externe, le souci est apprécié pour les affections de la peau et des muqueuses (cicatrisant, antifongique, apaisant…). En interne, il a également un pouvoir cicatrisant et anti-inflammatoire.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« Dans le jardin, je consomme les fleurs dans la salade. Un ami m’a fait connaître le souci sauvage qui a de toutes petites fleurs ». (Michèle)
« Je me rappelle de ma mère qui mettait les fleurs dans l’alcool. On s’en servait pour les bobos ». (Marie)

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« Les anciens et les gens du Moyen-Âge ornaient volontiers leurs salades de fleurs variées : mauves, bourraches, ligules de soucis, violette, pâquerettes, pétales de rose rouge, etc ». Pierre Lieutaghi

Valériane

VALERIANA OFFICINALIS
Famille : Caprifoliacées

Nom usuel

Du latin « valeria », région ancienne Pannonie en Europe centrale.
Nom patois relevés en Bas – Dauphiné :
– dansmi-ra (danse-chatte) à Bizonnes, Doissin
– dans miron’ (danse-chat) à Doissin
– vervaï’na à Colombier
– barba’na à Four, Optevoz et Valencin

Usage

Médicinal

Partie utilisée

Racine et rhizome

Mode d’utilisation

Infusion, décoction, alcoolature

Pour la reconnaître

Plante vivace se perpétuant par stolons souterrains. La tige dressée, creuse et cannelée peut mesurer de 40 cm à 2 m. Les feuilles sont groupées en rosette à la base, sur la tige elles sont opposées, découpées en 6 à 13 paires de folioles. Les fleurs rosées ou blanches sur tiges à rameaux trifurqués. Elle se plait dans les bois humides, au bord des cours d’eau aussi bien à l’ombre qu’au soleil.
Elle est présente presque partout en France. Ce genre comporte 150 espèces dont 4 officinales. Il ne faut pas la confondre avec la valériane rouge ou centranthe (Centranthus ruber) qui a une seule étamine (3 étamines chez les valérianes). Sa racine a une odeur de punaise écrasée, un peu musquée, désagréable et envahissante.

Récolte

Racine en mars-avril, sur des plants qui ont au moins 2 ans

Principes actifs et propriétés

Huile essentielle (principalement des sesquiterpènes), iridoïdes (valépotriates), flavonoïdes, lignanes, traces d’alcaloïdes (valéramine)
Connue depuis l’Antiquité pour son statut de panacée, la valériane est sédative, décontracturante, efficace contre les troubles de l’endormissement et de l’anxiété. Elle peut aider à la désaccoutumance au tabac (car elle donne un mauvais goût à la cigarette).

VERVEINE CITRONNEE

ALOYSIA TRIPHYLLA OU LIPPIA CITRIODORA
Famille : Verbénacées

« Je cultive cette plante dans le jardin, pour faire de la liqueur ou de la tisane ». (Gérard)

Nom usuel

Verveine, verveine citronnée voir citronnelle
La verveine présente au jardin du prieuré, est originaire d’Amérique du sud, introduite en France au XVIIIème siècle. Cet arbrisseau ligneux a conquis les jardins avec son odeur pénétrante de citron.

La sauvageonne, la verveine officinale (Verbena officinalis)

« Les druides ont contribué à sa réputation, ils la récoltaient selon un cérémonial mystérieux. Ils nettoyaient l’autel où ils officiaient avec son infusé et qu’ils ne cueillaient qu’en l’absence du soleil ou de la lune ». (« L’herbier oublié, secrets des plantes retrouvés », Bernard Bertrand).
D’où ses noms populaires d’herbe sacrée (Hierobotana), herbe aux sorciers. Mais dans les écrits du Moyen-Âge, il semble que le plante soit confondue avec « verbenaca », une plante aquatique ou avec l’aigremoine.
La verveine officinale a des usages multiples : jaunisse, maux de gorge, maladie des reins, de la vessie les maux de dents, les fièvres… (Michel Botineau)
Aux jardins de l’Albarelle, Hôtel Dieu de Belleville, la verveine est prescrite contre les lithiases biliaires, les nausées, les indigestions.

La verveine citronnée

Les noms qui lui sont donnés prêtent à confusion : la verveine des Indes (pourtant originaire d’Amérique du sud), la verveine citronnelle (genre Cymbopogon) et la verveine Yunnan ou litsée (litsea cubeba) qui ne sont pas des verveines, mais elles ont toutes un parfum citronné.

Usage

Médicinal, alimentaire

Partie utilisée

Feuilles

Mode d’utilisation

Infusion, liqueur, sirop, huile essentielle

Pour la reconnaître

Plante vivace de 0.3 à 2 m de hauteur, feuille vert clair odorante et rugueuse organisée par 3 en verticille. Les fleurs sont blanches ou bleuâtres en panicules pyramidales qui fleurissent entre juillet et septembre. Dans les régions gélives, il faut protéger le pied en hiver.

Récolte

De juin à septembre.

Principes actifs et propriétés

Huile essentielle (citral, citronellal, limonène), mucilages, tanins, iridoïdes (verbenaline), polyphénols et flavonoïdes
Son usage est proche de celui de la mélisse, la verveine citronnée est digestive, anti-inflammatoire, sédative légère. Elle calme l’anxiété, le stress et soulage les troubles intestinaux liés à la nervosité.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« Je cultive cette plante dans le jardin pour faire de la liqueur ou de la tisane. On la rentre l’hiver ou on la protège du gel ». (Gérard)
« De l’arquebuse et de la verveine, j’en ai toujours eu dans le jardin, dans l’eau de vie ». (Sébastien)
Recettes extraites de l’Alchimie verte (Ecomusée Nord Dauphiné, 1992) :
Infusion : 1 ou 2 cuillères de fleurs séchées (10 à 15 g par litre), 1 tasse d’eau bouillante, infuser 7 à 10 mn.
Liqueur : 67 feuilles, 1 litre d’alcool, 1 écorce de citron, 1 kg de sucre, laisser macérer 2 semaines et filtrer.

Textes : Delphine Clerc Bravais, mémoire de fin d’études, enquêtes Ethnobotanique sur les usages des plantes retrouvés en Bas-Dauphiné, Ecole Lyonnaise de Plantes Médicinales & des Savoirs Naturels, 2022.