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Jardin du Prieuré : Autour du jardin

Le « jardin médiéval » est basé sur une vision du monde dont Dieu est le centre. C’est un quadrilatère (la Terre), il est partagé par des allées évoquant les quatre fleuves du paradis terrestre. Au centre, on plante l’arbre de vie près d’une fontaine (eau-de-vie). Il est clos de quatre murs qui représentent : le mépris de soi-même, le mépris du monde, l’amour de son prochain et l’amour de Dieu.

« C’est toujours dans cet espace que la rencontre entre le non-spécialiste et les plantes s’avère possible sans détours théoriques. Car il y a une aire de mémoire commune ». (Pierre Lieuthagi)

LES ROSIERS

C’est à partir du XIIe siècle que l’Eglise va introduire la rose dans les cérémonies. De couleur blanche, elle représente la sagesse monastique et la pureté. De couleur rouge, elle symbolise la Passion du Christ et des Martyres. De la littérature courtoise aux confins de la Renaissance, les fleurs sont choisies pour leurs couleurs et leurs parfums.

Au jardin du prieuré, il y a du beau monde ! De la noblesse messieurs, dames, un baron, une duchesse, l’une ou l’autre princesse, des artistes et un grand navigateur aussi…

« Salet » (Lacharme, 1854) : rosier mousseux, rose pur, très parfumé. Le calice et le pédoncule des fleurs sont recouverts d’une fine mousse brune qui exhale une douce odeur camphrée de résine de pin quand on les caresse.
« Thérèse Bugnet » (hybride de rugosa, 1950) : arbuste vigoureux et florifère, d’un rose pur. Les fleurs doubles et chiffonnées ont le charme des anciens rehaussé d’un délicieux parfum de citronnelle.
« Yolande d’Aragon » : rosier ancien créé par Vibert en 1843.
C’est, dit-on, l’un des plus beaux rosiers de Portland, il forme un buisson dense, avec un ample feuillage sain, vert glauque. Ses fleurs sont de couleur rose pur, très parfumées.
« Reine des violettes » (Millet-Mallet 1860) : rosier vigoureux, fleurs aux nuances de rose violet, pourpre, très parfumées.
« Rose de Resht » : rosier ancien (Damas ou Portland, 1950), parfum puissant, fleurs rose magenta.
« Felicia », hybride de Moschata (Révérend Joseph Pemberton, 1928) : arbustif parfumé, rose pâle, il porte des cynorrhodons décoratifs jusqu’au cœur de l’hiver.
« Jacques Cartier » (Portland, 1868) : une vraie rose ancienne, fleurs moyennes, pleines, rose doux plus soutenu au creux des pétales, avec un petit cœur vert. Elles sont délicieusement parfumées.
« Baron Girod de l’Ain » (1897) : rosier très parfumé, fleurs larges, doubles, d’un beau rouge cramoisi à violacé, dont chaque pétale échevelé est liseré de blanc. Ses corolles exhalent un parfum capiteux de fleur sombre.
« Mousseline » (1881) : rosier ancien mousseux, il arbore des fleurs rose-pastel avec un parfum envoûtant très présent de résine de pin.
« Miranda » (Arthur de Sansal ,1869) : de grandes fleurs d’un rose satiné, très parfumées.
« Conrad Ferdinand Meyer » (Müller, 1899) : les roses pleines, d’un rose tendre scintillent de lueurs argentées et libèrent un parfum délicieux.
« Joseph’s Coat » (1963) : les fleurs groupées, presque doubles, passent du jaune à l’orange, puis se teintent de rouge pour finir en rose pourpré velouté. Ce surprenant rosier possède de fortes tiges qui permettent de l’utiliser en fond de massif, en haie fleurie ou encore palissé contre un mur.
« Golden Wings » (Shepherd, 1956) : roses aux corolles simples blanc nacré et ombrées de jaune au cœur.
« Carnelia » (Pemberton, 1925) : petites fleurs vaporeuses au teint de porcelaine rose saumoné.
« Blush noisette » (1817) : ces petites roses doubles d’un rose très tendre, exhalent un doux parfum musqué, en particulier par temps doux.
« Georges Dickson » (1912) : fleurs doubles globuleuses aux pétales imbriquées, rouge brillant veiné de grenat.

À l’origine des roses anciennes

Les roses très anciennes sont originaires d’Europe et d’Asie occidentale. On cultivait principalement des variétés comme la rose de Damas (dont un des clones majeurs a plus de 2 000 ans), la rose Alba (dérivée de Rosa canina) et la rose centifolia (dont dérivent la plupart des roses moussues).
Beaucoup de roses cultivées sont issues de Rosa gallica, utilisée à des fins officinales et cosmétiques, notamment à Provins dès le XIIIème siècle. Ces roses émettent leur parfum principalement des pétales. C’est pourquoi les formes à fleurs doubles (jusqu’à quelques dizaines de pétales) ont été sélectionnées.
La rose musquée, Rosa moschata, parmi les plus anciennement cultivées (Moyen-Âge en Europe), trouve son origine en Asie centrale. Le rosier forme d’énormes panicules de roses blanches et simples. Son parfum plus musqué et très volatil émane des étamines et non des pétales.
Sources : www.rosesanciennesenfrance.org

LE VERGER

Le Capitulaire De Villis fait mention de plusieurs fruitiers : le Pomarius (le pommier), le Pirarius (poirier), le Prunarius (prunier), le Pesicarius (pêcher), l’Amandelarius (amandier), le Morarius (murier noir), le Cesarius, (cerisier), le Sorbarius (sorbier), le Mespilarius (néflier), le Castanearius (cognassier), l’Avellanarius (noisetier) et le Nucarius (noyer).
Initialement, ces espèces étaient plantées à des fins médicinales, car leurs fruits étaient plutôt âpres, peu sucrés. C’est progressivement grâce à la sélection végétale que ces fruitiers font partie aujourd’hui des jardins familiaux pour la production de leurs fruits juteux et sucrés.

Le POMMIER

Malus domestica, famille des Rosacées

La pomme porte une symbolique forte à travers les époques. Dans la mythologie gréco-romaine, la pomme est considérée comme un cadeau amoureux au même titre que la rose.
Par contre, la pomme qui aurait tenté Eve est une légende qui résulte de la mauvaise traduction de « pomum » signifiant fruit charnu à pépins, désignant aussi bien un coing, une grenade ou une figue.
La pomme consommée aujourd’hui est une descendante de Malus sieversii, originaire du Kazakhstan. Sa culture est connue des plus anciennes civilisations.
Au Moyen-Âge, Ste Hildegarde confectionnait un baume à partir de jus, de sève et de bourgeons additionnés de son poids en huile d’olive, ainsi naquit la pommade.

Témoignages

« Ce pommier était à l’origine sur la ferme de mes parents, il fait de gros fruits précoces qui ne se gardent pas trop. Je l’ai greffé sur des pommiers sauvages, il semble que c’est la Transparente de Croncels ». (Daniel)

« La Transparente de Croncels, répandue dans notre région. Variété obtenue par M. Baltet, pépiniériste faubourg de Croncels, à Troyes (Aube) en 1869. Gros fruits, forme conique arrondie, à chair fine, tendre, juteuse, à saveur sucrée-acidulée, doté d’un parfum spécial très agréable. Maturité de fin août à fin septembre, voire un peu plus ». (Les croqueurs de pommes, Yves)

« Avec le mou du raisin et les fruits du verger, le bouilleur de cru passait et il faisait l’alcool ». (Marinette)

« Dans les Terres Froides, les grosses fermes étaient équipées pour faire du cidre, un palliatif à la vigne les mauvaises années. Les fruits étaient collectés dans les prés et vergers autour de la ferme. Nous n’avions pas de variétés spécifiques pour le cidre, mais des variétés locales peu sensibles aux maladies : la Belle Normande, la Morelle, La Nationale, obtenue de semis vers 1871 à Saint-Romain au mont d’Or, la Gude, une grosse pomme locale, de longue conservation, peu goûteuse, produisant beaucoup. Il y avait aussi une petite pomme d’été, sans nom encore connu, mais retrouvée sur des arbres localement, et d’autres variétés très locales aux noms inconnus, mais dont les analyses génétiques ont montré que c’était des variétés à profil génétique unique, donc des variétés inconnues dans d’autres régions ». (Les croqueurs de Pommes, Yves)

Le POIRIER

Pyrus communis, famille des Rosacées

La poire est originaire du Moyen Orient, ce fruit se rencontre très tôt dans toutes les régions tempérées d’Europe et d’Asie. Homère cite le poirier, de même que Caton qui en énumère six variétés, tandis que Pline en nomme une quarantaine. C’est par les Romains que la culture des poires se répand en Occident.
Les anciennes poires étaient astringentes, la plupart sauvages, elles avaient même une réputation d’être un poison, si consommées crues (Ecole de Salerne). C’est à partir du XVIIème siècle grâce à Olivier de Serres et La Quintinie que les variétés sont plus appréciées. On distingue les poires à couteau, consommables crues, et des poires à cuire ou à cidre.

Témoignages

« Historiquement plantés dans la basse vallée du Rhône, ici les premiers poiriers ont été plantés en 1893 et sont toujours là. Les propriétaires du domaine ont eu l’idée dans les années 30 de distiller les poires qui ne se vendaient pas en frais. En partenariat avec le restaurant la Pyramide à Vienne, ils ont démarré la commercialisation de l’eau-de-vie de poire Williams. C’est une activité qui fit le renom de la commune ». (Domaine du Colombier, Villette de Vienne).
En Bas-Dauphiné, la culture du poirier en dehors de vergers familiaux est rare, mais ceux-ci sont présents partout, avec des variétés anciennes plus ou moins locales.

« Dans le jardin, j’ai encore des vieilles variétés, plantées quand mon père s’est installé, les arbres doivent avoir bientôt 200 ans. Il y a Madeleine (le 22 juillet), une autre qui fait des fruits tout rouges que l’on faisait avec les coings, Alexandrine, Williams, très parfumé ». (Andrée)

– Madeleine ou 22 juillet (le nom vient de la date de la Ste Madeleine le 22 juillet) : la plus connue est la Beurré Giffard, mûre en juillet. Obtenue de semis de hasard en 1825, par M. Giffard, près d’Angers.
– Williams ou Bon Chrétien Williams, Bartlett aux USA, obtenue de semis vers 1796, dans le jardin de M. Wheeler, instituteur en Angleterre.
– Alexandrine ou Alexandrine Douillard, obtenue de M. Douillard à Nantes, première récolte en 1849.
– Triomphe de Vienne, appelée aussi Williams de Vienne, gros, juteux, sucré et parfumé, très bon, chair blanche. Obtenue de semis de pépins de Williams par J. Collaud à Montagnon (Isère) en 1864. Calibre assez gros, de forme régulière, à l’épiderme bronzé. Chair blanche, fine, fondante, très juteuse, sucrée et parfumée. Très bon fruit de table de la première moitié de septembre ». (Les croqueurs de pommes

La VIGNE

L’origine probable de la vigne se situe au Caucase il y a 7000 ans. Elle est liée au culte chrétien, elle s’est développée avec l’implantation des monastères.
Vitis vinifera, famille des Vitacées
Le mot vigne dériverait de l’arabe wayn, « cep de vigne à raisin noir », le terme vitis de viere « lier », et vinifera « portant du vin ».

Témoignages

« On faisait notre vin, toutes sortes de cépages, on ramasse, on presse avec un petit pressoir de 5 litres, on ne le sucre pas. Aprè,s on met en bidon de 50 litres, cela fait le vin pour l’année, une vingtaine d’hectolitres par an ». (Pierre)

Le Bas-Dauphiné n’est pas un pays de vignoble ; la polyculture l’emporte très généralement, comme aussi la petite propriété. Ceci explique le manque d’unité dans la culture de la vigne. La vendange appelait la joie, les rires, les chansons. Encore aujourd’hui on fait la fête des vendanges, comme dans la commune de Valencin, alors qu’il ne reste quasi plus de raisins à couper. À la Saint Vincent, on cultive toujours l’amitié dans de nombreux villages. Le vin figure dans toutes les fêtes publiques ou familiales.
« De la vigne montaient les chansons et les rires, plus souvent que du champ ou de la forêt ». Parfois il fallait aller chercher loin de sa demeure le coin de terre nécessaire pour faire son vin. « Oui, mais on avait son vin, on avait de l’eau-de-vie, médicament considéré comme précieux ». (Charles Talon)
Dans chaque famille, il y avait des pieds de vigne pour élaborer cette boisson fermentée et l’eau-de-vie pour l’année. Chacun avait sa recette en fonction des cépages et de la qualité des raisins.


« Autrefois, pas de pastis, pas de bière, essentiellement du vin, chaque cave faisait son vin, pas un vin identique entre chaque habitant. Chacun avait sa recette secrète ». (Sébastien)

« Avec le cépage Noah (interdit aujourd’hui) on le récoltait mais sans le mélanger avec les autres, car il avait un goût particulier. Il fallait le couper avec de l’eau-de-vie pour ne pas qu’il fermente. Dedans il y a la même molécule que dans l’absinthe : en fermentation, au lieu de faire de l’alcool éthylique, il fait de l’alcool méthylique en petite quantité, c’est le méthanol qui rendait fou, comme l’absinthe. Il monte très peu en alcool (moins de 10°) et se conservait moins bien ». (Sébastien)
La loi du 24 décembre 1934 interdit de vendre sur le marché intérieur, ainsi que d’acheter, de transporter ou de planter les cépages suivants : noah, othello, isabelle, jacquez, clinton, herbemont. Le cépage noah est décrit comme un vin foxé, avec un goût et une finale désagréable. Quelques plants subsistent, et actuellement des recherches d’hybridation sont réalisées dans certains pays à partir de ce cépage qui semble résistant aux maladies. Ces anciens cépages existent toujours dans certains jardins avec des pommiers et poiriers.
De la vigne au vin, précieux pour les « remèdes populaires ».
« À la moindre toux, à la moindre grippe, un bol de vin chaud chassait tous les miasmes. Comme il vaut mieux prévenir le mal que le guérir, certains ajoutaient, dès l’approche de la mauvaise saison, du vin dans leur café ou même en versaient une forte rasade dans le bouillon gras ou la soupe à l’oignon ». (Charles Talon)
« Pour nettoyer les yeux, quand on taille la vigne au mois de mars, il y a de la sève qui coule, on la récupère, on mettait une bouteille. Quand il fait bien chaud, on dit que la vigne pleure, on disait que c’était bon pour les yeux ». (Marie)
La sève de la vigne et les vrilles, riches en sucres et acides aminés ont des vertus anti-inflammatoires oculaires. Les feuilles riches en flavonoïdes, tanins ont aussi des propriétés anti-inflammatoires et astringentes.
L’huile de pépins de raisins, riche en oméga –6, est intéressante pour le vieillissement cutané.
Les raisins riches en polyphénols et anti-oxydants (OPC) trouvent aujourd’hui des applications en cosmétique et comme complément alimentaire.

La VIOLETTE

Viola odorata
Famille des Violacées

« Avec ma grand-mère, on ramassait toutes sortes de plantes. On faisait sécher le tussilage, c’était bon pour la toux, on faisait la tisane de violette pour la toux également ». (Pierre)

Nom usuel

Violette odorante
Du latin viola, couleur violette ; odorata pour « odorante »

Usage

Médicinal, alimentaire

Partie utilisée

Feuilles, fleurs

Mode d’utilisation

Fraîche, sèche, infusion

Pour la reconnaître

Sur une souche ligneuse, écailleuse, rampante, elle porte des feuilles, en forme de cœur, finement dentées et longuement pétiolées. Les fleurs longues, pédonculées sont violettes ou blanches. Son parfum est puissant.

Récolte

Floraison précoce au printemps

Principes actifs et propriétés

Mucilages, anthocyanidine (flavonoïde), alcaloïde hypotenseur (odoratine), huiles essentielles et saponosides
Un grand nombre de violettes sauvages existe le long des chemins, leur parfum est moins prononcé et les propriétés moins actives, mais la confusion est sans danger.
La violette en tisane entre dans les mélanges pectoraux, elle fluidifie et calme les toux opiniâtres. Elle est beaucoup utilisée pour faire des bouquets au printemps, comme offrande entre amoureux. Son parfum est fort prisé pour réaliser des sirops, des liqueurs et des confiseries.

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés en Bas – Dauphiné :

« La violette, le serpolet, les queues de cerise… on les ramassait dans les haies ». (Lucien)
« On faisait des bouquets de violettes au printemps ». (Marc)
« Je consomme les fleurs de violettes que j’ai dans le jardin, dans les salades ». (Michèle)

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« Infusion : 1 cuillerée de fleurs, 1 tasse d’eau bouillante, laisser infuser 5 à 10 mn, prendre chaud 2 à 3 fois par jour ». L’Alchimie Verte
« Liqueur : 1 litre d’eau-de-vie à 45°, 200g de fleurs fraîches, 500g de sucre, 30 cl d’eau. Faire infuser les fleurs dans l’alcool pendant 1 heure, filtrer et ajouter le sirop préparé avec le sucre et l’eau. Mettre en bouteille et laisser vieillir 1 mois au minimum ». (Thierry Thévenin)

Le COUCOU

Primula officinalis ou Primula veris
Famille des Primulacées

« À la ferme, quand j’étais enfant, on ramassait les fleurs de coucou, on gardait le calice, on les faisait sécher pour faire des tisanes. J’ai beaucoup de souvenirs autour de cette fleur ». (Muriel)

Nom usuel

Primevère officinale, le coucou,
Du latin primulus, « tout premier » et véris « printemps »
En patois, le « Cucugnot », le « kokumè’la » à Valencin.

Usage

Médicinal, alimentaire

Partie utilisée

Feuilles, fleurs

Mode d’utilisation

Fraîche, sèche, infusion

Pour la reconnaître

Sur une rosette de feuilles ovales au limbe gaufré, des hampes florales portent jusqu’à 30 fleurs réunies en ombelle. Les fleurs jaunes-or-vif ressemblent à des cloches renflées à 5 dents, elles produisent un nectar parfumé. Elles poussent jusqu’à 2000 m d’altitude dans les prés ensoleillés et les buissons clairsemés.

Récolte

Floraison précoce au printemps, cueillette des feuilles et des fleurs juste un peu avant leur épanouissement de mars à juin

Principes actifs et propriétés

Saponosides (acide primulique A), flavonoïdes, caroténoïdes, huile essentielle, enzymes, alcools sucrés
Au XIIème siècle, Ste Hildegarde l’employait contre la mélancolie et la paralysie voire pour les abcès (cancer). La fleur de coucou fut par la suite dépréciée. Elle retrouve un peu de noblesse autour de son usage contre la toux, expectorante, antispasmodique et sédative. Elle permet de lutter contre l’insomnie des enfants, le surmenage, l’anxiété légère.

La CHELIDOINE

Chelidonium majus
Famille des Papavéracées

« Pour les verrues, je me rappelle de mon père qui nous mettait le suc jaune dessus, il en poussait partout ». (Marinette)

Nom usuel

Herbe aux verrues, grande éclaire
Du grec chelidon, « hirondelle », la plante fleurit à l’arrivée des hirondelles et majus, « grande ».
En patois, le « chirou’ni » à Serpaize, « timounè » à Saint-Savin.
Les latins lui donnaient le nom de coeli donum « don du ciel ». En se basant sur cette superstition, les alchimistes se ventent de pouvoir, avec cette herbe, transformer le plomb en or.
L’histoire (rapportée par Pline) raconte que les hirondelles utilisent le suc de la chélidoine pour ouvrir les yeux de leurs petits.

Usage

Médicinal, rites magiques

Partie utilisée

Feuilles, suc de la tige

Mode d’utilisation

Fraîche, alcoolature, homéopathie

Pour la reconnaître

Plante incontournable des murs, les feuilles sont composées en lobes crénelés, vert-clair, un peu velus. Les fleurs sont d’un jaune vif, à 4 pétales en croix un peu froissées. Les fruits sont fins et allongés et s’ouvrent à maturité de bas en haut.

Récolte

Floraison d’avril à octobre, le latex est à récolter avant la floraison

Principes actifs et propriétés

Alcaloïdes (2 %) toxiques dont chélidonine, protopines, protoberbérines, acide chélidonique, mucilages, chélidoxanthine (substance colorante) et sels minéraux
La chélidoine est la plante incontournable de la mémoire collective à travers les époques. Dès l’Antiquité, Pline l’Ancien et Dioscoride lui attribuent des vertus pour redonner la vue aux aveugles. Au Moyen-Âge, elle soignait la jaunisse.
La chélidoine est une plante dangereuse, potentiellement mortelle, 60g de suc peuvent suffire à tuer un chien (Cazin).
L’usage populaire est aujourd’hui surtout en externe pour soigner les verrues. Le latex brûle les corps et les verrues en application quotidienne. C’est un remède précieux en homéopathie pour des personnes hépatiques

Témoignages

Quelques savoirs retrouvés dans la bibliographie :

« Frotter la verrue avec le lait de la chélidoine appelée pour cette raison herbe à verrues. Cette utilisation est très fréquente dans notre région ». (Charles Talon)

« Un emplâtre de chélidoine hachée, placé derrière l’oreille, venait à bout des otites à Luzinay, encore vers 1945. Par contre, si on se frotte les gencives avec le lait de la plante, on provoque la chute des dents ». (Charles Talon, 1967)

Textes : Delphine Clerc Bravais, mémoire de fin d’études, enquêtes Ethnobotanique sur les usages des plantes retrouvés en Bas-Dauphiné, Ecole Lyonnaise de Plantes Médicinales & des Savoirs Naturels, 2022.